Des habitants de Chongqing pêchant dans le Yangtze face au nouvel opéra de la ville et aux gratte-ciels de Jie Fang Bei.
Fidèle à la tradition, un habitant de Chongqing nage dans le Yangtze, le principal fleuve du pays. Au même endroit, Mao s’était déjà baigné dans les années cinquante.
Les frères Yang (au centre) supervisent le déchargement de la cargaison de céréales qu'ils ont acheminé à Chongqing. La famille Yang s’est endettée quatre ans plus tôt pour acheter la péniche. Ils vivent dessus et parcourent le Yangtze entre Chongqing et Shanghai au grès des marchandises qu’ils transportent.
La grand-mère Yang et son petit-fils dans sa chambre après la sieste. Lorsqu’il aura trois ans et qu’il aura l’âge d’aller à l’école, les grands-parents Yang retourneront vivre dans leur village avec lui et laisseront le bateau à leurs fils.
L'ancien quartier de Shi Ba Ti (au premier plan) surplombé par les gratte-ciels de Jie Fang Bei en 2013. Shi Ba Ti était le coeur historique de Chongqing. Depuis, il a été rasé.
Bâtiments en cours de destruction dans Shi Ba Ti, 2013. Shi Ba Ti était le cœur historique de Chongqing, et l’un des derniers quartiers anciens à avoir été démolis. Plutôt que comme un patrimoine, Shi Ba Ti était perçu comme un symbole du sous-développement que ses habitants étaient pressés de quitter pour intégrer la Chine moderne. Depuis, le quartier a été rasé.
Un guérisseur pose des ventouses sur le dos d’un des derniers habitant de Shi Ba Ti en 2015. La démolition de Shi Ba Ti s’est faite sur plusieurs années. Ses habitants ont été progressivement relogés dans de nouveaux appartements.
Des femmes font fumer des saucisses pour préparer les célébrations du Nouvel An chinois dans la cour d'une ancienne école de Shi Ba Ti en partie démolie.
L’un des derniers habitants de Shi Ba Ti.
Li Jiabao en train de démolir un immeuble ancien dans Shi Ba Ti. De grands projets projets immobiliers sont imaginés pour remplacer ce qui reste de la vieille ville. Li Jiabao est un migrant "ouvrier paysan", un min gong. Il est originaire de Guangan dans le Sichuan.
Un habitant du quartier portuaire et ouvrier de Danzishi, en face de Shi Ba Ti, regarde pousser des tours.
Le pont de Hanghuayuan en construction, en 2013. Il sera inauguré un an plus tard et à la même occasion une nouvelle ligne de métro. En 1990, quatre millions de personnes vivaient à Chongqing. En 2020, on en compte près de 16.
Des min gongs travaillant sur un chantier dans le district de Yuzhong, proche de Shi Ba Ti. Depuis les années 80, les min gongs sont le bras armé du développement économique et urbain de la Chine. Ils seraient aujourd’hui plus de 250 millions, travaillant pour la plupart sur les chantiers et dans les usines.
Un paysan travaille sur son champ, face aux tours du district de Nan'an, en plein milieu de Chongqing. L’expansion de Chongqing s’est faite en absorbant des villages et de nombreuses terres agricoles fertiles.
Li Wenyin transporte des marchandises dans le quartier de Chaotianmen. Li Wenyin, min gong de cinquante trois ans, travaille comme bang bang, les porteurs de Chongqing, depuis qu’il a quitté son village il y a vingt cinq ans. Les bang bangs sont en train de disparaître, remplacés par des réseaux logistiques modernes.
Li Wenyin prépare son « bang », le bâton de bambou dont il se sert pour transporter les marchandises. Le métier de bang bang est l’un des plus bas dans l’échelle sociale. Seuls des min gongs acceptent encore de le faire.
Des bang bangs dans Chaotianmen attendent l’arrivée d’un camion pour le décharger.
À peine débarqué à Chongqing, un min gong arrive à l'Hôtel de la Vieille ("l'hôtel Laotaipo") à Shi Ba Ti.
Deux min gongs s’apprêtent à se coucher dans le dortoir de l'Hôtel de la Vieille ("l'Hôtel Laotaipo") à Shi Ba Ti, où la nuit coûte sept kwais, le prix d'un bol de nouilles dans la rue. Depuis que Shi Ba Ti se vide de ses habitants, de nombreux bâtiments ont été transformés en hôtels bon marché faisant du quartier l'une des "portes d'entrée" de la ville pour les min gongs.
Un min gong travaillant comme "bang bang" livre des marchandises dans le quartier commerçant de Chaotianmen.
Vue de nuit donnant sur le fleuve Yangtze, à proximité de Shi Ba Ti depuis l’appartement de Li Wenyin, le bang bang. Le quartier de Wenyin, en pleine transformation, est en train de s’embourgeoiser. Son appartement prend de plus en plus de valeur.
Li Wenyin avec sa petite-fille Ruoyou. Il vit avec sa femme, son fils, sa belle-fille et Ruoyou dans cet appartement qu’il a acheté six ans plus tôt, lorsque son fils s’est marié. Il mettra vingt ans à le rembourser. Au moment où il prendra sa retraite, il prévoit de le laisser à son fils et de retourner à Guangan, son village natal.
Un min gong sur le parvis de la gare Caiyuanba de Chongqing avant de prendre un train pour son village à l'occasion des cérémonies du Nouvel An chinois. Au moment du Nouvel an, tous les chinois retournent dans leur famille. Pour les min gongs, c'est la seule occasion de rentrer au village et de prendre quelques jours de repos. Pendant quelques jours, les trains, bus et avions du pays se remplissent de plusieurs centaines de millions de personnes. On considère qu’il s’agirait de la plus grande transhumance de l’Histoire humaine.
Li Wenyin à Guangan, son village natal, avec son neveu pendant les fêtes du Nouvel An chinois. Wenyin n’y retourne qu’à cette occasion, une fois par an. C’est le seul moment de l’année où il peut se reposer et retrouver sa famille. Les revenus qu’il tire de son travail à Chaotianmen lui permettent de vivre largement mieux que les paysans restés au village. Au moment de prendre sa retraite, il compte revenir vivre à Guangan. Guangan dans le Sichuan est le village natal de Deng Xiao Ping, qui a dirigé la Chine de 1978 à 1992 et qui a lancé les grandes politiques d’ouverture économique et d’urbanisation de son pays.
Li Wenyin et sa famille sur son lopin de terre à Guangan, son village natal pendant les célébrations du Nouvel An. Wenyin est arrivé à Chongqing vers trente ans, dans les années quatre vingt dix. Jusque là, il n’avait que travaillé la terre. Les revenus qu’il tire de son travail à Chaotianmen lui permettent de vivre largement mieux que les paysans restés au village. Au moment de prendre sa retraite, il compte revenir vivre à Guangan. Il se sent toujours paysan.
Li Wenyin en famille sur le perron de sa maison dans son village natal de Guangan. Il l’a fait reconstruire avec l'argent gagné en travaillant à Chaotianmen comme bang bang. C'est là qu'il compte passer sa retraite. Il occupe désormais une bonne position au village.
Li Gan, le neveu de Li Wenyin, jouant avec Liu Sijiie dans la maison familiale à Guangan. Chaque année, Li Wenyin apporte des jouets, des vêtements et le gout de la ville aux enfants, qui restent pour la plupart au village toute l’année avec leurs grands-parents.
He Long et sa fille Ying au parc d’attraction de Guangan. Ying vit au village avec ses grands-parents. Elle ne voit son père qu’une fois par an, lors du Nouvel An. Il est un quasi inconnu pour elle. Les parents de He Long étaient également min gong, avant de prendre leur retraite et de s’occuper de Ying. Il a été lui aussi élevé par ses grands-parents. Aujourd’hui, il ne partage pas grand-chose avec ses parents.
Le hukou de He Long, un jeune min gong. Le hukou est un passeport liant chaque citoyen chinois à son lieu de résidence, et dont dépend des droits spécifiques et des accès aux services publics. Les ouvriers-paysans «min gongs», disposent de hukous ruraux qui les privent de nombreux droits à la ville tel que l’accès aux écoles publiques pour leurs enfants. Mais un hukou rural est indispensable pour disposer d’une parcelle de terre. Le système des hukous n’empêche pas les min gongs de se déplacer dans le pays et de trouver du travail dans les villes, mais rend difficile d’y projeter leur vie.
He Long lors des célébrations du Nouvel An Chinois à Guangan, son village natal. He Long est coiffeur à Chongqing. Il a quitté Guangan à dix-sept ans.
Des min gongs attendent le bus pour rentrer à Chongqing après les célébrations du Nouvel An chinois.
Un échangeur autoroutier dans le district de Nan'an, au centre de Chongqing.
Li Beina dans le restaurant où elle travaille depuis six mois, lorsqu'elle est arrivée à Chongqing de son bourg dans le Sichuan.
Li Xin au volant de son taxi. Li Xin est le fils de Wenyin, le bang bang. Il est chauffeur depuis six ans. Il a commencé à travailler de nuit un an plus tôt pour gagner un peu plus d'argent. Il est fatigué de faire ce travail et ne sait pas quoi faire d'autre, mais n’imagine pas devenir bang-bang comme son père.
Les employés d’un des Pizza hut de Jie Fang Bei au moment de prendre leur service. Plutôt que travailler sur les chantiers, les jeunes ruraux migrants préfèrent les postes de serveur ou de cuisinier, moins fatigants et salissants. Plus proches aussi des lumières de la ville.
Trois min gongs passent devant un karaoké pendant la nuit.
Lily dans le quartier commerçant de Chaotianmen où elle est venue acheter en gros des vêtements. Lily a quitté sa petite ville de la province du Sichuan quatre ans plus tôt. Elle veut « faire partie de Chongqing », mais elle a encore du mal à s’y sentir chez elle.
Jiang Xiaomin pendant sa pause cigarette. Il est coiffeur dans un salon du quartier de Shapingba. Xiaomin vient d'un bourg rural du Sichuan. Il est arrivé à Chongqing à seize ans et est tout de suite devenu apprenti dans un salon de coiffure.
Le salon de coiffure de He Long en début de soirée. C’est un lieu de rencontre pour les jeunes min gongs branchés de Jie Fang Bei, dont la plupart travaillent dans les karaokés et les dance clubs du quartier.
Shi Kun se rend au travail. Il est employé dans un des clubs du Deyi fashion mall, un centre commercial de jie Fang Bei que les jeunes migrants ruraux et branchés comme lui fréquentent beaucoup.
Mang Juan, le chanteur des Demolition Moon, en train de se préparer avant un show pendant la tournée du groupe. Mang Juan a quitté son village du nord-est de la Chine à 18 ans pour la ville de Dalian, puis Pékin où il a été coiffeur plus de dix ans. Assommé par le tourbillon du développement, il a tout plaqué pour se lancer dans la musique.
Mang Juan et les Demolition Moon pendant un concert.
Wang a dix-sept ans. Lui et ses deux collègues travaillent dans le salon de coiffure de He Long. En plus du salaire que Long leur verse, il les loge. L’appartement est un des symboles de la vie moderne et citadine. Il constitue une amélioration considérable comparée aux conditions de vie rurales, mais également aux préfabriqués sur les chantiers dans lesquels vivaient leurs parents.
En trente ans, des milliers de tours ont poussé à Chongqing, là où avant il n'y avait que des maisons en bois sans eau courante. Le contraste avec les zones rurales est encore plus fort. Pour les jeunes min gongs, vivre dans un appartement est un immense bond dans la modernité.
Un min gong dans une rue de Chongqing.
Une habitante de Chongqing répète des mouvements de danse sur le toit de son immeuble où vivent min gongs et citadins.
Xuan Xuan et Hu Zhongjian sont employés d'hôtel. Ils sont fille et fils de min gong. Ils se sont rencontrés dans leur village d’origine. Le rêve de leurs parents était d'avoir une belle retraite à la campagne. Xuan et Zhongjian, eux, voient leur vie à la ville.
Une famille de la classe moyenne vient visiter son futur appartement dans le complexe où He Long a acheté le sien sur plan.
Un jeune couple se fait photographier avant leur mariage en face de Chaotianmen, en plein chantier. L’organisation d’un mariage coûte cher, souvent l'équivalent de plusieurs années de salaire. La famille et le mariage font parti des institutions les plus fortes en Chine, à un moment où tout est en changement.
Le quartier de Daping, qui marque le début du district de Jiolongpo. Jiolongpo était une zone très industrielle. Ses transformations et son urbanisation a été intense ces dernières années. Les tours ont remplacé les usines d’Etat. La classe ouvrière qui y vivait a disparu. Les ouvriers se sont reconvertis dans le commerce, souvent avec succès.
Leo dans le métro, de retour du travail. Leo passe plusieurs heures par jour dans les transports. Originaire d’un village, il a néanmoins pu accéder à l'université et ainsi se voir offrir des perspectives inimaginables pour ses parents à son âge. Cela ne l'empêche pas de continuer à se sentir comme un paysan. Il n’est pas sûr de vouloir rester à la ville toute sa vie. Mais être à Chongqing lui a permis de s'éloigner de ses parents qui attendent qu'il se marie et ait des enfants. Il tient à son indépendance.
Chen Shuang est arrivé à Chongqing à seize ans. Après avoir enchainé les petits boulots, il a ouvert à 26 ans sa propre boutique de vêtements. Il gagne bien sa vie et a acheté un appartement en s’endettant pour vingt ans. Il compte demander le transfert de son hukou à Chongqing. Mais la campagne lui manque.
Des jeunes ruraux et citadins en train de jouer au billard dans un centre commercial démodé de Chongqing.
Un promeneur explore le quartier nouveau de Tiandi en plein chantier sur les rives du fleuve Jialing.
Un habitant de Chongqing se prélasse sur la plage de Ciqikou un dimanche de printemps.
Une famille de classe moyenne se rend un dimanche de printemps à Ciqikou Beach, au cœur de Chongqing, destinée à devenir sa "Malibu".
La plage de Ciqikou un dimanche. Chaque année au printemps, lorsque le niveau de l'eau baisse, la plage apparaît pendant quelques semaines. Elle est en plein milieu de la ville.
Chen Xue vient à Ciqikou beach les dimanches avec sa soeur et des amis. Elle a son propre restaurant. C’est une jeune min gong. Ses parents, qui étaient également min gongs, sont retournés dans leur village pour la retraite. Xue, elle, ne compte pas retourner vivre au village quand viendra le temps de prendre sa retraite.
Un dimanche à Ciqikou Beach.